samedi 1 juin 2019

Regards sur le patrimoine art-déco au Maroc comme facette d’enrichissement culturel et touristique


Des trésors immuables dans l’enceinte de nos villes, trop évidents pour ne pas être remarqués …
Des pans d’histoire dissimulés derrière des façades parfois délaissées par l’effet du temps et du manque d’entretien…
Des prouesses architecturales qui valent et qui appellent à être mises en avant, pour qu’elles ne s’enlisent pas dans les profonds méandres de l’oubli…
Des bâtiments pouvant loger centres administratifs, éducatifs, lieux d’hébergement ou autres propriétés privées mais qui ne pourraient pas pour autant faire l’objet d’une négligence ou servant de lieux de contemplation et de visite.
Un patrimoine riche par ses confluences internationales, témoin de la prévalence de plusieurs styles architecturaux (néo-mauresque, néoclassique, fonctionnaliste, baroque…) qui ne peuvent que ravir l’œil et attiser la curiosité de plus d’un en vue d’une simple visite, voire même une étude exploratoire pour les plus curieux.
Et au Maroc, certaines villes gardent précieusement ces empreintes artistiques, notamment Casablanca, laboratoire ouvert de l’architecture du XXième Siècle, ou encore Rabat avec ses bâtiments renvoyant à l’époque du Protectorat, ainsi que Tanger et Tétouan avec la prédominance du style espagnol néo-baroque, et certainement d’autres villes comprenant des bijoux méconnus et non-inventoriés.
Admirable est le fait de se balader en ville et de lever les yeux vers ce bâti bravant les aléas de méconnaissance et imposant par ses façades et traits architecturaux qui confondent le visiteur en ravissement et l’interpellent sur ses mystères enfouis.
Ce n’est que lors de la dernière décennie qu’une prise de conscience a surgi en faveur de ce patrimoine matériel, notamment à Casablanca, pionnière en la matière, là où l’Agence urbaine a pris sur elle de dresser un inventaire du patrimoine bâti et paysager propre à cette ville, et le degré d’intérêt s’en trouve de plus en plus ressenti auprès des acteurs locaux et visiteurs, celui-ci a été encore plus renforcé depuis l’organisation des fameuses « Journées du Patrimoine ».
Le principe d’inventorier ce patrimoine est chose primordiale et est fortement louable pour le cas de Casablanca, celle-ci servant de modèle exemplaire et d’autres villes se verront bien dans cette perspective en lui emboîtant le pas. Dire que du bon a été fait dans ce sens est chose inexorable, mais bien du chemin est à prévoir encore pour une réelle valorisation de ce patrimoine : Certaines bâtisses menaçant ruine sont toujours d’actualité et d’autres ont sérieusement besoin d’un coup de frais « authentique », requérant le suivi de procédés de rénovation assez scrupuleux et à la pointe de ce qu’il y a de plus noble en architecture.
L’on réclame que le tourisme culturel présente des perspectives assez limitées et un potentiel qui n’est pas entièrement reconnu : Outre le patrimoine immatériel (que l’on retrouve bien dans les festivals et rencontres culturelles) ou les visites de sites historiques et archéologiques, une autre piste pourrait être envisagée.
Cela étant, l’idée de proposer en permanence (et non à de rares occasions) – je souligne bien – des circuits éducatifs et ludiques autour de l’art-déco ou d’autres de découverte et contemplation, en fonction des cibles et intérêts des uns et des autres pourraient être un excellent catalyseur de développement, à même d’introduire graduellement des sites d’intérêt architectural dans les visites et étoffer intelligemment les programmes touristiques proposés aux touristes de groupes.
Pour les touristes individuels et partant pour faire valoir la promotion de cette sous-niche de la sphère culturelle, l’idée d’en parler dans les guides et portails électroniques serait d’un bel apport, avec à la clé la mise en place de cartes interactives.
Un vœu que je n’espère pas pieux en tout cas.

Credit photo : Le360.ma