Le tourisme rural se distingue du tourisme urbain en termes de type d’expérience, d’utilisation des ressources naturelles, d’inclusion des populations locales et de développement des infrastructures. Cependant, un touriste peut passer ses vacances dans les zones rurales et urbaines. Un autre point de vue est que le tourisme rural se produit dans des paysages sauvages éloignés. Outre la complexité des définitions du tourisme rural, ce dernier est perçu différemment selon les pays. Par exemple, les produits du tourisme rural sont souvent basés sur des maisons d'hôtes, des gîtes et/ou bivouacs avec des chambres meublées de façon traditionnelle, par exemple. En Finlande, les touristes ruraux louent généralement des chalets. Aux Pays-Bas, les produits de tourisme rural consistent à camper dans une ferme et à pratiquer des activités liées aux itinéraires telles que la marche, le vélo ou l'équitation. En Hongrie, le tourisme rural a un terme spécial, le tourisme de village, se référant au tourisme dans les villages, au Maroc, c’est l’ensemble des activités déployées par les touristes nationaux et étrangers dans les milieux ruraux, à savoir les randonnées pédestres, l’alpinisme, hébergement chez l’habitant et d’autres… Il permet aux visiteurs de découvrir des cultures tout à fait originales et d’explorer des produits purement bio.
Depuis l’éclosion du tourisme de masse en
tant que catalyseur des grandes vacances d’été, et compte tenu des
répercussions négatives que cette activité principale a eu sur plusieurs
environnements, certaines niches -existant depuis tout temps – ont pu être valorisées,
et de gré, notamment avec la prédominance du concept de durabilité, plus que jamais,
tendant à préserver les milieux et espaces fragiles, autant par rapport au
potentiel naturel, et celui immatériel lié aux populations vivant dans ces espaces.
Le tourisme rural s’inscrit donc comme un
paravent idoine pour ces derniers, contre les effets néfastes des formes de
tourisme de masse.
Préserver la biodiversité (faune et flore) et les traits originaux de la culture locale prévalente dans ces espaces est l’essence même du tourisme rural, sa raison d’être, quêtant la préservation des trésors de la terre.
Compte tenu des inégalités environnementales et sociales auxquelles le Maroc est confronté, ainsi que pour remédier ce déséquilibre des acteurs économiques, les locaux, dans la plupart des cas, ont choisi d'investir dans le tourisme en milieu rural. Ainsi des établissements touristiques ruraux commencent à prendre de l’ampleur, visant à consolider la notion du tourisme durable avec ses produits artisanaux locaux, ses variétés culinaires régionales et ses folklores saisonniers aux traditions bien enracinées pour une meilleure attractivité. Mais ces actions peuvent-elles garantir un avenir radieux à ces établissements sans l’intervention de l'État ? Formation à la protection de l'environnement et des ressources naturelles, des formations en faveur des guides et accompagnateurs de voyages, sensibilisation des acteurs traditionnels et la mise en tourisme par le biais des investissements afin de vitaliser ce pan du tourisme durable.
Très vague fut elle, aux contours indéfinis
notamment à l’ère du lancement de la Vision 2010, l’intérêt pour une promotion
spécifique et ciblée du tourisme rural n’a pris son essor qu’en 2004 avec le lancement
du concept des Pays d’Accueil Touristique (PAT) : Soit 9 marques, 9
identités distinctes représentées par les produits du terroir. Ce concept a
réussi à séduire dans ses débuts mais a fini par voir son rayonnement s’estomper
peu à peu, en attendant la version renouvelée parue avec l’avènement de la Vision
2020, et la stratégie de développement du tourisme rural, indexée sur le volet
durabilité, détaillée en long et large sur la feuille de route, avec comme nouveauté
la création de « corridors thématiques » mettant en exergue l’offre
« Nature » du Maroc mais n'allant toutefois pas de pair avec les 08 territoires
touristiques définis dans ladite feuille de route : Centre Atlantique,
Maroc Méditerranée, Maroc Centre, Atlas et Vallées, Grand Sahara Atlantique,
Cap Nord, Marrakech Atlantique et Souss Sahara Atlantique.
Le patrimoine culturel est aujourd'hui
considéré comme un atout bien adapté pour ouvrir de nouvelles possibilités dans
les zones rurales marginales qui ont besoin de secteurs d'activité
supplémentaires, dont le tourisme est l'un des plus florissants. Les biens du
patrimoine culturel sont souvent considérés comme des ressources vulnérables,
mais en même temps, ils stimulent les émotions et peuvent représenter des
expériences très recherchées par un créneau particulier de touristes.
Par la richesse de ses ressources, le
tourisme en milieu rural semble répondre aux attentes émotionnelles et à la
demande d’espace et de calme de ces clientèles. La variété des paysages, des
cultures, des patrimoines, des savoir-faire offre la possibilité d’une grande
gamme d’activités ludiques et excentriques. Le tourisme rural est un élément
indispensable de la composition touristique nationale du Maroc, en particulier
pour le développement social et économique en dehors des zones urbaines de plus
en plus surpeuplées. La visite de destinations touristiques rurales stimule la
croissance des économies locales, crée des emplois et soutient la
diversification de l’économie du pays en grande partie basée sur l’agriculture.
Face à l’importance croissante du
tourisme rural dans le pays, les parties prenantes du sud du Maroc se sont
réunies en mai 2011 pour former la première association de tourisme rural du
Maroc. Le Réseau de développement touristique rural (RDTR) a été développé pour
renforcer les capacités institutionnelles, développer des circuits touristiques
ruraux, soutenir le renforcement des capacités et la formation du personnel
dans les zones rurales, créer un écolabel du tourisme rural et améliorer la
promotion des produits du tourisme rural.
Les paradigmes de mise en valeur des territoires
touristiques auront tendance à changer à l’ère Covid et post-Covid : Moins
de rassemblements dans les sites d’intérêts touristiques par souci de
préservation des mesures de distanciation entre visiteurs, notamment.
C’est ainsi que le tourisme de masse
semble perdre du terrain, jour après jour, en faveur d’un tourisme soft, respectueux
de l’environnement : Moins de pression sur les sites d’intérêt biologique
et écologique (SIBE) , sur les villes situées en campagne, sur les zones rurales
fragiles, synonyme d’épanouissement d’une nature qui respire enfin.
Le tourisme rural fait foi de tourisme de
niche aussi, et c’est ce dernier qui représentera petit à petit le visage
nouveau du Maroc, avec une mise en valeur différenciée des potentiels touristiques,
à gré, très raisonnablement.
Les différentes stratégies inhérentes au
tourisme rural, conçues dans l’esprit des Vision 2010 et 2020, et précédemment
évoquées, sont tellement conventionnelles qu’elles ont fini par déchanter. Leur
aura a vite fini par décroître et perdre de sa subsistance par effet d’inadéquation
entre objectifs, réalités du terrain, et moyens affectés pour faire éclore une
conception nouvelle dans l’esprit des investisseurs potentiels.
Des territoires abandonnés à leur sort,
pourtant recélant des ressources naturelles inégalées est un fait que l’on doit
admettre présentement et dans un futur proche.
Ces concepts « conventionnels »
n’ont pas abouti, essentiellement pour des problèmes de gouvernance.
La solution ne réside pas dans le fait de changer de graphiques, de dénominations et de s’inspirer les yeux fermés de ce qui se fait ailleurs. La réussite viendrait tout d’abord de la maîtrise absolue des propriétés des territoires, de la mise en valeur juste et raisonnée des potentiels naturels et de la prise en compte de l’harmonie humaine dans un cycle vertueux, c’est ce à quoi doivent songer nos instances dans un futur proche.
Article co-écrit avec M. EL ARCHI Youssef
Credit photo : le360.ma