Dans un contexte de défis universels sans
précédent causés par la pandémie de Covid-19, le Maroc, comme tous les pays du
monde, a connu une chute grave au niveau des arrivées touristiques, entraînant
une forte baisse des revenus du secteur touristique l'année dernière, des indicateurs
dans le rouge, en intégralité, du jamais vu !
Le secteur du tourisme et de voyages, nul
ne peut le nier, a subi un coup dur durant la propagation du virus, puisqu'il
s'agit d'un secteur qui dépend principalement de la mobilité des touristes. Les
hôteliers, les restaurants, les agents de voyages, les TO et les transporteurs
touristiques sont les acteurs les plus touchés dans l'industrie du tourisme au
Maroc des conséquences de la covid-19, malgré l'octroi de l'indemnité
forfaitaire mensuelle par la CNSS en faveur de milliers d'employés.
Néanmoins, il faut avouer que la crise
sanitaire actuelle a révélé de nombreux points faibles du tourisme marocain, à
savoir, la non-prise en compte du tourisme domestique, qui joue un rôle
primordial dans le développement local et territorial, le manque des stratégies
privilégiant le tourisme vert, puisque la principale préoccupation des acteurs
de ladite industrie est d'augmenter le nombre de touristes et la capacité
litière dans les EHTC, sans tenir compte des impacts environnementaux que
provoquent la gestion des hôtels et les déplacements des touristes.
La pandémie du Covid-19 a eu un effet grandiose
sur les approches appelant à repenser le tourisme autrement, par le truchement
d’une rupture inopinée avec les modèles conventionnels des séjours touristiques,
notamment le tourisme de masse qui a commencé à susciter l’ire de plusieurs
communautés à l’international ces quelques dernières années.
Voyager autrement est donc un trait
devenant, par la force des choses, une nécessité, une base nouvelle pour
relancer le secteur des voyages et des loisirs, en adoptant des modèles plus slow,
inspirés de la nature et du développement durable, l’aventure, le sport et les
voyages organisés restreints, au plus près des populations autochtones, seront
les nouveaux paradigmes de demain.
La chaîne de valeur touristique a inexorablement
subi de plein fouet le gros marasme induit par la pandémie, le secteur ne pouvant
compter que sur les aides publiques et autres mesures d’assouplissement pour
relever la tête de l’eau.
Malgré l’effort consenti sur les réouvertures
de frontières de par le monde, la présente situation n’augure pas un retour
complet à la phase d’avant Covid-19, sous quels auspices se présente donc l’avenir
du tourisme dans le monde ?
Prudence, ciblage, innovation, authenticité
et mise en avant de niches nouvelles seront forcément les nouveaux maîtres-mots
liés au secteur touristique. Et cette réconciliation avec le vert, ce respect
de la nature tant lorgné, qui imposera ses empreintes de manière plus patente
désormais.
Les mesures de confinement imposées aux
peuples aux premiers mois de l’apparition et propagation de la pandémie ont rendu
le voyage et les activités de tourisme et de loisirs un vœu pieux, plus qu’une
échappatoire salutaire à la vexation induite par les lourdes circonstances ayant
prévalu en cette période.
La psychose ayant affecté les
déplacements en général, a instauré une dualité chez le touriste : D’une
part, la peur de voyager au risque d’être contaminé de la Co-vid, et d’autre
part l’envie pressante de renouer avec le style de vie d’avant pandémie et de
retrouver cette bouffée d’air propre aux activités de voyages, sans omettre la
frustration engendrée par les images d’hôtels fermés, d’avions cloués au sol, d’entreprises
touristiques mettant la clé sous le paillasson, de grèves chez les opérateurs
touristiques etc.
Dire que ce scénario ne figurait point
dans les plans de l’OMT !
La grande tendance actuelle concerne
certainement l'écologie, que ce soit dans le domaine de l'énergie, des voitures
et même du tourisme.
L'année 2020 aura marqué probablement un
virage phare vers un tourisme durable, une transition exacerbée par une
conscientisation à l’impact de l’empreinte écologique, surtout chez les jeunes
générations, s’exprimera par l’exigence de pratiques durables.
Plus qu’une façon de se distinguer,
celles-ci pourraient devenir une norme, un acquis pour les voyageurs. Les
touristes de demain auront tendance à pratiquer des activités touristiques
eco-friendly, dans des milieux touristiques bel et bien verts pour pouvoir
sentir le dépaysement que le voyageur ressent lorsqu’il effectue une virée dans
la nature. L’écotourisme, l’agrotourisme et le tourisme volontaire sont les
formes du tourisme alternatif que les acteurs de tourisme devraient adopter et y
innover davantage pour rendre une destination plus responsable tant à l’échelle
du Maroc qu’à l’international.
Selon une étude réalisée par le Haut-Commissariat
au Plan (HCP), intitulée « Tourisme 2030 : Quelles ambitions pour le Maroc ? » :
L’ensemble du système touristique
marocain est appelé à s’adapter aux tendances lourdes de la demande et de l’offre.
La morphologie de ce secteur en 2030
devrait, de ce fait, être différente de celle d’aujourd’hui. L’étude se veut un
appel à appuyer l’ambition du Maroc en matière de tourisme, en procédant par un
rappel historique mettant en exergue les grandes évolutions du secteur,
enchaînant sur une évaluation globale de l’activité touristique et de son
apport à l’économie nationale.
Les réflexions, les débats, les scénarios
et les plans se multiplient quant au tourisme de l’après-COVID-19. Cependant,
ces réflexions et propositions tournent toutes autour de la relance du secteur
dans l’immédiat, soit à court terme (comment organiser les établissements sur
le plan sanitaire), soit à moyen terme (quelles actions entamer et quel segment
cibler pour faire revenir les touristes).
Or, pour le Maroc, on peut avancer
l’hypothèse selon laquelle la crise qui a frappé la planète n’a pas seulement
mis le tourisme à l’arrêt depuis le 20 mars, mais elle a aussi révélé les
faiblesses structurelles de cette activité économique. Il faut donc se pencher
également sur les suites à long terme. Après la vision 2010 et la vision 2020
du secteur du tourisme, la vision 2030 est toujours ambigüe vu les
circonstances actuelles que vivent tous les pays grâce au covid-19, cette
vision qui tiendra pleinement compte de l’homme et l’environnement n’a pas
encore vu la lumière, les acteurs du tourisme auront besoin d’une feuille de
route après la relance du secteur pour mener à bien cette industrie.
Force est d’admettre au final, nonobstant
toutes les projections établies, les scénarii dressés et ficelés de part et d’autre,
que l’avenir du tourisme est dans le vert, dans le durable, dans un ressourcement
de l’âme puisant dans le retour à la terre et aux charmes sauvages de la
nature, un tourisme respectueux de l’environnement visité et des populations
qui y vivent, une recherche constante mais bien approfondie de l’originalité
dans le voyage et d’une vive authenticité de l’expérience touristique.
Article co-écrit avec mon cher ami YOUSSEF EL ARCHI.
Credit photo : ouvrirlemonde.com