dimanche 21 février 2021

Le tourisme au Maroc post covid-19 : Vers un nouveau modèle eco-friendly ?

 

Dans un contexte de défis universels sans précédent causés par la pandémie de Covid-19, le Maroc, comme tous les pays du monde, a connu une chute grave au niveau des arrivées touristiques, entraînant une forte baisse des revenus du secteur touristique l'année dernière, des indicateurs dans le rouge, en intégralité, du jamais vu !

Le secteur du tourisme et de voyages, nul ne peut le nier, a subi un coup dur durant la propagation du virus, puisqu'il s'agit d'un secteur qui dépend principalement de la mobilité des touristes. Les hôteliers, les restaurants, les agents de voyages, les TO et les transporteurs touristiques sont les acteurs les plus touchés dans l'industrie du tourisme au Maroc des conséquences de la covid-19, malgré l'octroi de l'indemnité forfaitaire mensuelle par la CNSS en faveur de milliers d'employés.

Néanmoins, il faut avouer que la crise sanitaire actuelle a révélé de nombreux points faibles du tourisme marocain, à savoir, la non-prise en compte du tourisme domestique, qui joue un rôle primordial dans le développement local et territorial, le manque des stratégies privilégiant le tourisme vert, puisque la principale préoccupation des acteurs de ladite industrie est d'augmenter le nombre de touristes et la capacité litière dans les EHTC, sans tenir compte des impacts environnementaux que provoquent la gestion des hôtels et les déplacements des touristes.

La pandémie du Covid-19 a eu un effet grandiose sur les approches appelant à repenser le tourisme autrement, par le truchement d’une rupture inopinée avec les modèles conventionnels des séjours touristiques, notamment le tourisme de masse qui a commencé à susciter l’ire de plusieurs communautés à l’international ces quelques dernières années.

Voyager autrement est donc un trait devenant, par la force des choses, une nécessité, une base nouvelle pour relancer le secteur des voyages et des loisirs, en adoptant des modèles plus slow, inspirés de la nature et du développement durable, l’aventure, le sport et les voyages organisés restreints, au plus près des populations autochtones, seront les nouveaux paradigmes de demain.

La chaîne de valeur touristique a inexorablement subi de plein fouet le gros marasme induit par la pandémie, le secteur ne pouvant compter que sur les aides publiques et autres mesures d’assouplissement pour relever la tête de l’eau.

Malgré l’effort consenti sur les réouvertures de frontières de par le monde, la présente situation n’augure pas un retour complet à la phase d’avant Covid-19, sous quels auspices se présente donc l’avenir du tourisme dans le monde ?

Prudence, ciblage, innovation, authenticité et mise en avant de niches nouvelles seront forcément les nouveaux maîtres-mots liés au secteur touristique. Et cette réconciliation avec le vert, ce respect de la nature tant lorgné, qui imposera ses empreintes de manière plus patente désormais.

Les mesures de confinement imposées aux peuples aux premiers mois de l’apparition et propagation de la pandémie ont rendu le voyage et les activités de tourisme et de loisirs un vœu pieux, plus qu’une échappatoire salutaire à la vexation induite par les lourdes circonstances ayant prévalu en cette période.

La psychose ayant affecté les déplacements en général, a instauré une dualité chez le touriste : D’une part, la peur de voyager au risque d’être contaminé de la Co-vid, et d’autre part l’envie pressante de renouer avec le style de vie d’avant pandémie et de retrouver cette bouffée d’air propre aux activités de voyages, sans omettre la frustration engendrée par les images d’hôtels fermés, d’avions cloués au sol, d’entreprises touristiques mettant la clé sous le paillasson, de grèves chez les opérateurs touristiques etc.  

Dire que ce scénario ne figurait point dans les plans de l’OMT !

La grande tendance actuelle concerne certainement l'écologie, que ce soit dans le domaine de l'énergie, des voitures et même du tourisme.

L'année 2020 aura marqué probablement un virage phare vers un tourisme durable, une transition exacerbée par une conscientisation à l’impact de l’empreinte écologique, surtout chez les jeunes générations, s’exprimera par l’exigence de pratiques durables.

Plus qu’une façon de se distinguer, celles-ci pourraient devenir une norme, un acquis pour les voyageurs. Les touristes de demain auront tendance à pratiquer des activités touristiques eco-friendly, dans des milieux touristiques bel et bien verts pour pouvoir sentir le dépaysement que le voyageur ressent lorsqu’il effectue une virée dans la nature. L’écotourisme, l’agrotourisme et le tourisme volontaire sont les formes du tourisme alternatif que les acteurs de tourisme devraient adopter et y innover davantage pour rendre une destination plus responsable tant à l’échelle du Maroc qu’à l’international.

Selon une étude réalisée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), intitulée « Tourisme 2030 : Quelles ambitions pour le Maroc ? » :  L’ensemble du système touristique marocain est appelé à s’adapter aux tendances lourdes de la demande et de l’offre.

La morphologie de ce secteur en 2030 devrait, de ce fait, être différente de celle d’aujourd’hui. L’étude se veut un appel à appuyer l’ambition du Maroc en matière de tourisme, en procédant par un rappel historique mettant en exergue les grandes évolutions du secteur, enchaînant sur une évaluation globale de l’activité touristique et de son apport à l’économie nationale.

Les réflexions, les débats, les scénarios et les plans se multiplient quant au tourisme de l’après-COVID-19. Cependant, ces réflexions et propositions tournent toutes autour de la relance du secteur dans l’immédiat, soit à court terme (comment organiser les établissements sur le plan sanitaire), soit à moyen terme (quelles actions entamer et quel segment cibler pour faire revenir les touristes).

Or, pour le Maroc, on peut avancer l’hypothèse selon laquelle la crise qui a frappé la planète n’a pas seulement mis le tourisme à l’arrêt depuis le 20 mars, mais elle a aussi révélé les faiblesses structurelles de cette activité économique. Il faut donc se pencher également sur les suites à long terme. Après la vision 2010 et la vision 2020 du secteur du tourisme, la vision 2030 est toujours ambigüe vu les circonstances actuelles que vivent tous les pays grâce au covid-19, cette vision qui tiendra pleinement compte de l’homme et l’environnement n’a pas encore vu la lumière, les acteurs du tourisme auront besoin d’une feuille de route après la relance du secteur pour mener à bien cette industrie.

Force est d’admettre au final, nonobstant toutes les projections établies, les scénarii dressés et ficelés de part et d’autre, que l’avenir du tourisme est dans le vert, dans le durable, dans un ressourcement de l’âme puisant dans le retour à la terre et aux charmes sauvages de la nature, un tourisme respectueux de l’environnement visité et des populations qui y vivent, une recherche constante mais bien approfondie de l’originalité dans le voyage et d’une vive authenticité de l’expérience touristique.

Article co-écrit avec mon cher ami YOUSSEF EL ARCHI. 

Credit photo : ouvrirlemonde.com