2 siècles de voyages qui prennent fin
comme ce brin de poussière emporté par le vent, Thomas Cook s’en donc allé à
vau-l’eau !
Qui aurait songé qu’un jour et de
façon tout à fait impromptue (à en croire les déclarations de presse), Thomas
Cook retrouverait une faillite aussi lourde et irrémédiable ?
Qui croirait que le plus ancien voyagiste
au monde allait chuter brutalement ? Celui qui inventa le modèle de
« tour-opérateur », gestionnaire de produits touristiques, qui
concrétisa le rêve de plus d’un à profiter de séjours concoctés en chaîne
réglée de bout en bout, et par là-même révolutionna le secteur du tourisme et
des loisirs à travers le monde par la mise en place de ce modèle à l’international,
conférant au tourisme un sens tout nouveau.
Ayant débuté vers la fin du XIXème
siècle par des circuits à l’intérieur du Royaume-Uni prenant départ de Londres,
il s’est entendu à travers l’Europe et couvrit plusieurs pays et destinations
touristiques en y implantant des agences, jusqu’à la création de filiales (la
compagnie aérienne Condor, Thomas Cook France, Thomas Cook Belgium, Thomas Cook
UK…) : Dire l’empreinte qu’il aura marquée de son avènement sur le
tourisme mondial.
Soit dit en passant, n’y avait-il aucun signe précurseur à cette
faillite ? Pourquoi n’avoir pas mis suffisamment d’emphase sur les
précédents faits jusqu’à éclatement de bulle ? Pourquoi ne pas avoir pris
la peine de retracer un peu les derniers parcours, réalisations stratégiques et
autres déconvenues financières de ce groupe avant cette malencontreuse
fin ? Un tremblement de terre de magnitude 7 injustifié !
Il suffisait d’établir les liens
nécessaires pour donner un sens logique à cette chute, pour qu’elle ne demeure
plus aux yeux de tous aussi brutale, et frontale.
Avant de s’y attarder dans cet
article, prenons la peine de retracer un peu ce qu’il en coûte chez les pays au
niveau desquels Thomas Cook a pris des engagements en matière de programmation
touristique (packaging complet), quelques chiffres glanés par-ci par-là :
- Maroc :
20 millions de Dollars, 100.000 clients de perdus (selon l’agence
Reuters) ;
-
Espagne : 200 millions d’Euros (selon la
confédération hôtelière espagnole Cehat) ;
- Tunisie :
60 millions d’Euros (selon l’Union nationale de l’industrie hôtelière de
Tunisie (UNIH) ;
-
Chypre :
50 à 60 millions d’Euros (selon Euronews) ;
-
Egypte,
Grèce, Bulgarie sont durement affectés aussi (absence de chiffres officiels à
l’heure qu’il est), sans omettre que la filiale du voyagiste en France « Thomas
Cook France » a déposé son bilan et est donc en cessation de paiements.
Pour tisser un peu la toile ayant
débouché sur cette banqueroute, revenons aux années 2007/2008 marquées par
beaucoup d’instabilité chez le groupe : D’une part des acquisitions
stratégiques tel fut le cas de Jet Tours (racheté à Club Med alors en
difficulté), ou d’autres qui le sont peut-être moins, tel son concurrent MyTravel
-qui était en rouge- avec lequel il a fusionné tout de même en 2007 et
dont il a hérité les dettes.
Celles-ci prenaient de l’ampleur à
compter de 2010/2011, et pour causes essentielles la rude concurrence menée par
les OTA et autres sites de voyages en ligne qui détournèrent petit à petit
l’intérêt et les comportements d’une clientèle traditionnellement orientée vers
les Grands T.O, et ce davantage à la recherche de tarifs plus abordables sur le
net avec la profusion de comparateurs de prix et de plateformes de réservation.
Internet est devenu au fil du temps une vitrine offrant tous les produits
touristiques que peux solliciter le client, en un clic ! Chose qui mis à
mal les Tour-Opérateurs en général qui tentèrent de promouvoir les voyages à
forfait en explorant des destinations nouvelles et attractives en plus d’une
programmation plus intelligente en termes de saisons.
L’arrivée du Brexit a amplifié les
choses et compliqué la tâche à Thomas Cook de se délester de ses dettes qui
allèrent crescendo, l’opérateur continua sur son modèle sous un ciel gris, dans
ce navire réunissant toutes ses filiales (la compagnie aérienne Condor, Thomas
Cook UK, Thomas Cook Beligum etc..), avançant avec beaucoup d’incertitudes pour
l’avenir.
La cinglante réapparition de Thomas
Cook s’est faite donc au premier semestre de l’année en cours, avec une
déclaration choc : 1,5 milliards de livres de dettes pour un chiffre
d’affaires de 10 milliards de livres, une perte abyssale difficile à absorber à
priori !
Jusqu’à l’arrivée du Groupe chinois
« Fosun International » vers la fin du premier semestre 2019, en qui
les espoirs furent en partie placés : 450 millions de livres prêt à être
investis pour acquérir au moins 75% des fonds propres du voyagiste groupe (sous
réserve de l'obtention des autorisations anti-trust) et 25% de la compagnie
aérienne. D’autres part, 450 millions de livres supplémentaires auraient été
investies par les créanciers de Thomas Cook (banques et actionnaires), en convertissant
leurs dettes afin d'acheter 75% de la compagnie aérienne et 25% de l'activité
de tour-opérateur.
Le coup de massue est tombé vers la
fin du mois de septembre lorsque des créanciers de l’opérateur ont demandé de
trouver 200 millions de livres supplémentaires pour valider le plan de
sauvetage proposé par le chinois « Fosun » de 900 millions de livres.
Rien n’en fut après des négociations marathon.
Un pionnier du voyage à forfait
s’écroule donc, et remet en question la survie du modèle de
« Tour-Operating », l’opacité commencera désormais à ternir de plus
en plus l’univers des voyagistes !
Nonobstant le fait que le terrain
soit libre désormais pour les concurrents de tout temps du défunt Thomas Cook,
à savoir FRAM, et TUI : Ce dernier ayant sauté sur l’occasion et profite
du fait que les clients lésés aient recours au « Fond de Garantie
Voyages » pour se voir remboursés à priori, TUI intervient donc pour leur
permettre de réserver un séjour avec déduction des montants déjà versés à
Thomas Cook, et par ricochet s’occupe entièrement de la gestion administrative
du recouvrement auprès du « Fonds de Garantie Voyages ».
Une telle solution
« provisoire » permettra-t-elle à TUI de prospérer, compte tenu de
cette morose nouvelle ? Internet ne fait que des émules et les promotions
dessus sont légion, à la longue, le modèle économique de Tour-Opérateur n’en
est-il pas menacé ?
FRAM et TUI doivent-ils s’inquiéter
malgré le fait que leur modèle financier soit plus sain que l’était celui de
Thomas Cook ? Doivent-ils se réjouir de voir un gros concurrent historique
tomber d’un bloc ? Je préfère ne pas me hasarder en conjectures et voir ce
que l’avenir portera.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire